Que fais - tu là ?
Non loin de la tombe
au bord de l'allée
trône un vieux banc de bois
Aux beaux jours
parfois
il s'y pose
et ouvre l'ouvrage du moment
Ou bien se laisse dériver
enfantillage
dans le ciel immense et changeant
qui couvre d'ici en enfilade
les hauteurs de la ville et le vieux cimetière
finit toujours par ronchonner
mais que fait-il là encore .
( Morlaix . avril . )
Guyane-blues .
Route du tigre
Plafond bas de gris tourmentés
Des brumes légères incertaines
Montent
De la chaleur des sols
Détrempés encore d'une dernière saucée
Elles teintent
Toutes les nuances des verts délavés .
Rain-forest .
A la saison des pluies
Le monde si peu déchiffrable
Immense dense et boueux
Du fleuve de la forêt
Au seul rappel salutaire
De notre ignorance
De notre plaisir .
Campcisame .
La pirogue
Dans les sauts aux courants fous
Sous... [Lire la suite]
les miettes ,
forme particulière de logorrhée ,
une manière de se coltiner la question du temps
ce grand fleuve inexorable et placide
charriant dans ses boues
tous les cris de misères et de guerres
une défaite de l'écriture .
( Perros , janvier 2023 ) .
La tentation de st Antoine .
Octobre. Marcher sur la plage humide
grains de sable collants aux semelles
retours divers de la marée étalés à qui mieux mieux
pour la curiosité de l'enfance
Dans la cuisine ustencils et couverts
au règne des légumes et de l'huile d'olive
la gestuelle coutumière
poivre blanc curry piment de cayenne
Lui songe encore à Lisbonne
emballée printanière
le Tage matinal saluant dans le sillage la ville haute
a Jérome Bosch surtout
au sud aussi aux grandes déferlantes
à... [Lire la suite]
La défaite de l'écriture .
Au bout de la plume
l'encre bleue s'est déssèchée
faute d'imagination
Les voyages ne peuvent plus servir de prétextes
à l'écriture
quelquechose est brisée
Restent l'immédiateté
les images d'un jour
n'être plus qu'une éponge
une âme en peine
collectionneuse éssoufflée
quelquechose comme une ombre en automne .
( Arles . septembre 2022 )
Les ingrédients .
Dans le pain de campagne
l'eau l'errance
les vagabondages en tous genres
fort peu champs prés et futailles
moins le roman que la note
moins les sons que le mélodique
pas les cartes postales mais les agencements
et moins les sommets abruts qu'horizons lointains
moins les cathédrales pontifiantes
que les chapelles d'Argoat
et Brest bien au dessus de Quimper
pas la famille mais les alliances
moins la durée que les instants
et pour toujours
les bleus et les noirs
vieille rengaine
entonnée par... [Lire la suite]
Nohant .
Un clair matin de mai
comme un rêve
comme un cadeau
déambuler seul dans le jardin fleurissant
et les sombres sous-bois
échanger quelques mots avec le jardinier
la petite librairie est ouverte
se procurer une biographie
et puis
alentours proprets le hameau de poupée
pour conclure
deux doigts sur le piano
les décors d'une belle vie .
(mai.)
Des dimanches .
On voudrait pouvoir écrire
craie ardoise et doigts légers
mélodies et blues
les fins de journées du dimanche
quand
coeur soulevé mal au bide route retour
de tant d'ennuis débacles répétées
sentiment piétiné
d'être resté en rade
terre lumineuse à portée de bottes
quarantaine oblige
garde grand-âge
ronger son frein musique son temps
même sac tout pareil
dans les poussières tordues grisées de la vie .
(Perros . avril . )
Mariopole .
Les gentrifiés de la cote
aux petits pas
protégés d'apparences endimanchées
mais
une migraine tenace
venue d'une incompréhensible guerre
les tenaille en silence
on cherche des mots
pour l'impuissance inquiète
la culpabilité mal fagotée
la peur qui ne dit pas encore son nom
dans les monceaux d'images le soir à la télé
qui tiennent lieux d'Histoire .
( Perros . Mars. )