MOLLY
Hélène, chanson d'un soir
tant va la viequ'à la fin je n'entends plus qu'elle
qui me remonte du fond du ventre
comme un axe sanglant et rieur
qui se moque bien de moi, de mes agoisses de mes rengaines
tant va le jour qu'à la fin je ne vois plus qu'elle
qui danse dans la lumière
se joue à me faire les tours les plus pendables
les tours les plus beaux
comme au bleu temps de liberté
tant va la pluie, tant va le vent que je ne sais plus rien
ni la couleur des pommes ni le goût des amandes
que seulement parfois elle est là qui me donne la main
que le monde à la fin chavire dans l'écume marine
tant vont mes songes qu'à la fin il n'y a qu'elle
Penelope au gaillard d'avant de la galiote
qui va bord sur bord dans une mer d'enfer
vers on ne sait quel port étranger.
( 1972)