guyane
le matin
vers 10 heures
la chaleur s'installe
dans son opulence victorienne
l'on sait alors
être vraiment ailleurs
les visages se marquent
des traits de l'endurance
de la débauche de transpiration
collant comme pâte
le bain tropical
toujours au risque de la saturation
et l'on comprend
qu'à la fraîche
dans la nuit avancée
les esprits se pendent
à la fête et la musique.
(octobre 2013 )
guyane
l'emotion au bout d'un layon boueux
le bagne des anamites
il n'en reste plus grand chose
quelques fondations en dur
les cellules disciplinaires
la forêt a repris son droit
il faut consulter les cartes
les précis historiques
pour mieux comprendre
de vieilles photos rendent compte
de cette saloperie coloniale
mais on n' y voit jamais ni la peine ni le travail
c'était en 1931
l'année del'exposition internationale
ce n'est qu'en 46
que le site de la crique Anguille
fût fermé.
( octobre 2013 )... [Lire la suite]
guyane
dans un fauteuil
réconforté de coussins
terrasse au
dessus du quartier
octobre
la saison sèche
ronronner d'être là
un rien de vent
de fraicheur
viennent se mêler
à la douceur de la nuit
chaleur du jour apaisée
fond sonore
continu
des grenouilles
de la rue de rares passages bruyants
être là
ici
maintenant
joie spinocienne
dans l'harmonie d'unmoment du monde.
( octobre 2013)
extérieur à ce monde
dans la position équivoque
du visiteur
on voudrait pouvoir tout ramasser
tout empiler
de la Guyane
transfigurer ce monde
en un grand fleuve littéraire
ici
la sensualité
la chaleur
les corps
prévalent et s'imposent
dans l'immédiateté de l'existence
du temps présent
on comprend mieux
sur l'île de Cayenne
les écrivains de ce continent
c'est une terre de récits.
( octobre 2013 )
guyane
la vie
ici
est pleine de paradoxes
ceux de notre temps fragile
de Kourou
décollent les meilleures fusées du monde
mais
Cayenne
souffre sans cesse
de coupures
de courant
l'argent circule
beaucoup
la pauvreté s'étale
un ordinateur affuté
posé sur un océan vert de précarité
le néo-colonialisme existe
je l'ai rencontré.
( octobre 2013 )
guyane
la mer
ici
souvent
couleur
de ricoré au lait
de nescafé refroidi
s'épuise
dans des clapots drus
déferlants
ici
l'Amazonie
nous arrose du grand courant cotier
de toutes les terres arrachées
de tous les fleuves
de tous les limons spongieux
de toute cette immense vie
organique
baroque
dont il ne reste sur les plages
que les sables brouillés.
( octobre 2013 )
guyane
les fleuves chargés
alluvionnaires
ou les marées
remontent
dans une étrange étreinte
avec la forêt
striés chaque matin de brumes
et du vol decidé de perroquets criards
deux urubus immenses survolent silencieux
le carbet
haut et noirs
ils usent sans effort
des ascendants
dominateurs
au dessus de la canopée
dans l'attente
dont ne sait quoi.
( octobre 2013)
guyane
le grand timanou
annonce
la tombée de la nuit en forêt
on dit
que la lune est en hamac
la nuit
la forêt
les lucioles innombrables
expérience singulière
de se trouver comme l'enfant
en présence d'un monde quasi-indéchiffrable
les sont viennent de partout
la vie grouille
ou prédominent les insectes
on ne peut rien nommer
ni expliquer
se laisser aller
au fond du hamac suspendu
dans l'immensité invisible
dérouté
méditant sur les mots
organisateur du monde
et qu'ici
on a pas.
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