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Georges Mazou
22 décembre 2015

j'ai relu

des deux entrées du café, elle empruntait toujours la plus étroite, celle qu' on appelait laporte de l'ombre. elle choisissait la même table au fond de la peite salle. les premiers temps, elle ne parlait à personne, puis elle a fait connaissance avec les habitués du Condé dont la plupart avaient notre âge, je dirais entre dix-neuf et vingt-cinq ans.elle s' asseyait parfois à leurs tables, mais, le plus souvent, elle était fidèle à sa place,tout au fond .

elle ne venait pas à une heure régulière, vous la trouviez assise là très tôt le matin. ou alors, elle apparaissait vers minuit et restait jusqu'au moment de la fermeture. c'était le café qui fermait le plus tard dans le quartier avec le Bouquet et la Pergola, et celui dont la clientèle était la plus étrange. je me demande, avec le temps, si ce n'était pas sa seule présence qui donnait à ce lieu et à ces gens leur étrangeté,comme si elle les avait imprégnés de tout son parfum.

 

Patrick Modiano. Dans le café de la jeunesse perdue.

DSC_7348

la jeunesse perdue .

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